Des jeunes du monde entier présentent leur vision de la ville de demain
A l’occasion du sommet mondial « Les Villes pour tous – Cities for Life » organisé par la Ville de Paris les 21 et 22 novembre 2016 à l’Hôtel de Ville, 23 jeunes du monde entier ont été invités à partager leurs idées et leurs projets avec les représentants de 35 pays et 100 villes de tous les continents.
Ils ont entre 11 et 17 ans et viennent d’Inde, des Philippines, de Croatie, de Russie, d’Equateur, d’Espagne, d’Egypte, du Burkina Faso, de Madagascar et de France.
Forts de leurs expériences dans leur pays et de leur énergie, les adolescents ont travaillé ensemble et avec l’UNICEF et Jonathan Levy, pédagogue et directeur du programme CATS (Children as actors for transforming society), pendant deux jours pour présenter leur vision et leurs espoirs pour des villes inclusives, innovantes et résilientes.
Ils ont voulu prendre la parole sur myUNICEF pour présenter la situation des enfants et des jeunes dans leur Ville, et les solutions qu’ils imaginent.
Auteurs : Christianne, 12 ans, Philippines
Lancelot, 14 ans, France
Leone, 15 ans, Croatie
Tajal, 13 ans, Inde
Pourquoi est-il important pour nous de participer au sommet Les Villes pour tous – Cities for Life ?
Tout d’abord, nous pensons que Paris est une ville ouverte d’esprit qui accepte des gens différents, de plusieurs origines. C’est un lieu où se rencontrent plein de cultures, des personnes de nationalités différentes…
Participer à ce sommet est pour nous un moyen de faire connaitre nos idées et nos projets, en tant que jeunes. Nous sommes persuadés que même si 1 personne sur 100 nous écoute et s’engage avec nous, cela peut faire la différence et avoir un impact.
Pour nous, il est très important que les jeunes participent aux prises de décision dans leur Ville, afin qu’on reconnaisse notre rôle dans la société et notre capacité à construire ensemble une société plus juste, pour un avenir meilleur.
Nous voulons dire aux dirigeants politiques et aux représentants des Villes que nous voulons travailler avec eux, que nous voulons être considérés comme des acteurs à part entière, avec nos propres convictions.
Des Villes plus inclusives pour chaque enfant
Pour commencer, nous pensons que les enfants en situation de handicap doivent être intégrés à la société au même titre que les autres enfants, en leur facilitant l’accès aux mêmes lieux, à des activités sportives et culturelles. Rappelons que tous les enfants du monde ont les mêmes droits, dont le droit à l’éducation, le plus fondamental à nos yeux. Ainsi, aucun obstacle ne doit empêcher des enfants d’aller à l’école.
Leone, 15 ans, vient de Croatie et vit avec un handicap. Il est en fauteuil roulant et passe la journée avec un chien qui l’aide dans son quotidien, par exemple en lui ouvrant les portes ou en lui apportant des objets difficiles d’accès pour lui. A l’école, tout est mis en œuvre pour qu’il s’intègre parmi ses camarades, dans la classe, dans la cour de récré, dans le bâtiment grâce à un ascenseur qu’il peut utiliser. Leone est passionné d’informatique et s’engage beaucoup pour l’intégration des autres enfants en situation de handicap comme lui. Il veut changer la vision des autres sur le handicap et promouvoir l’utilisation des chiens-guides pour être plus autonome.
Souvent, le handicap peut mener à des situations de harcèlement scolaire, au point de pousser les jeunes à quitter l’école, comme nous le raconte Christianne, 12 ans, originaire des Philippines. Pour elle, il est également indispensable que tous les enfants aillent gratuitement à l’école.
L’éducation gratuite pour tous
Aux Philippines, aller à l’école coûte cher, toutes les familles ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école et payer leurs frais de scolarité. Christianne explique que ses voisines ne vont pas à l’école car leurs parents n’ont pas assez d’argent. La pauvreté touche la majorité de la population de son pays, et les enfants sont souvent les plus touchés par ces difficultés.
En Inde, raconte Tajal, 13 ans, l’accès à l’école est moins compliqué, mais les écoles publiques n’offrent pas une éducation de bonne qualité, elles n’ont pas les moyens et le matériel nécessaire, les bâtiments sont anciens et en mauvais état, surtout en milieu rural. Aux Philippines, les professeurs sont très peu payés et préfèrent partir enseigner à l’étranger, il n’y a presque plus personne pour faire cours dans les écoles…
Pour nous, si les gens ne sont pas éduqués, ils ne pourront pas bien exprimer leurs idées même s’ils en ont plein ! Ils ne seront pas écoutés, et ne pourront pas participer aux décisions qui les concernent dans leur Ville, dans leur pays.
L’égalité filles-garçons
L’accès à l’éducation est souvent plus difficile pour les filles, dans de nombreux pays. Leurs droits ne sont pas toujours respectés au même titre que les garçons… « Au lieu d’apprendre à vos filles à s’habiller différemment, apprenez à vos fils à respecter les filles », s’indigne Tajal. « En Inde, les mentalités sont très traditionnelles et obligent les filles à rester chez elles s’occuper de la maison, du ménage, de la cuisine… » raconte-elle.
« Quand elles sortent, elles doivent souvent subir des regards déplacés, elles se sentent jugées et observées » explique Tajal. Elle a donc un message à faire passer à toutes les filles du monde :
« Si vous êtes une fille, les gens chercheront à vous rabaisser. Ne les laissez pas faire ! Levez-vous, faites entendre votre voix. Il s’agit de votre futur autant que celui des garçons. Ne laissez personne vous dire le contraire. Allez toujours de l’avant ! Vous rencontrerez toujours des obstacles, mais vous devez être fortes et trouver votre place dans la société. »
Christianne ajoute « Vous n’êtes pas juste une fille, vous pouvez changer les choses et faire la différence ! Girl power ! ».
Le droit à la santé
Pour nous, chaque enfant a le droit d’aller chez le médecin s’il est malade, d’aller chez le dentiste, d’avoir accès à des médicaments. La santé ne devrait pas être une question d’argent ou de statut social.
De nombreux pays dans le monde n’ont pas de sécurité sociale comme en France, et trop d’enfants ne peuvent être soignés. C’est une situation révoltante !
Vivre dans un environnement sûr et accueillant
Se sentir en sécurité dans la Ville est indispensable pour bien grandir. Aux Philippines, raconte Christianne, on a toujours peur quand on sort dans la rue. Les coups de feu rythment le quotidien de certains enfants, nous avons un couvre-feu le soir… En Inde, les filles ne sont pas en sécurité dans la rue, elles peuvent se faire insulter, et préfèrent donc rester à la maison. Il est très difficile pour elles de se construire une vie sociale. Le seul endroit sûr pour ces jeunes est l’école.
En Croatie, la situation est différente, dit Leone. Il n’y a pas de problème de sécurité en particulier mais dans son cas, il ne peut pas fréquenter les mêmes lieux que les autres jeunes de son âge, comme les salles de concert, les cafés… Pour communiquer avec ses amis, il utilise Facebook et les emails.
En France, Lancelot, 14 ans explique que les jeunes de son âge peuvent sortir où ils veulent librement. Mais selon lui, il n’est pas prudent de sortir après 11h du soir car on peut se faire racketter ou embêter comme ses amis l’ont déjà vécu.
Nous pensons que chaque enfant devrait grandir dans un environnement sûr, sain et accueillant. Laissez nous profiter de notre enfance et de notre jeunesse ! Même si nous sommes tous différents, nous sommes tous égaux, nous avons les mêmes droits, nous avons tous une opinion à faire entendre !
Laissez les enfants être des enfants !
Si nous voulons bien grandir, laissez-nous, enfants et jeunes, nous épanouir et nous développer, donnez nous de grands espaces pour jouer, pour nous rencontrer, nous mélanger, des lieux où nous nous sentirons en sécurité. Créons plus d’aires de jeux, accessible à tous !