Emmanuel, 18 ans, face à l’urgence climatique : « Chaque enfant a le droit à un avenir »
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager comme jeune ambassadeur pour le climat aux côtés de l’UNICEF ?
Depuis l’âge de 10 ans, je me suis engagé pour le climat et l’environnement. En tant qu’enfant, je fais partie des premières victimes du changement climatique. Et en tant que personne atteinte d’albinisme, je ressens directement les effets sur mon corps. Ma peau est particulièrement sensible à la lumière et aux ultraviolets, ce qui augmente les risques de brûlures voire de cancer de la peau.
Derrière ma mobilisation, il y les espoirs et les voix de milliers d’enfants congolais. C’est aussi pour eux que je m’engage, pour qu’ils grandissent dans un monde où ils peuvent jouir pleinement de leurs droits.
Quels sont, selon toi, les impacts les plus visibles du changement climatique en RDC, deuxième plus grand pays d’Afrique ?
Les conséquences sont nombreuses, certaines sautent aux yeux tandis que d’autres sont plus insidieuses.
Le climat en République démocratique du Congo est habituellement marqué par deux saisons : une sèche et l’autre, pluvieuse.
Mais aujourd’hui, tous ces cycles sont bouleversés. La saison sèche est désormais entrecoupée par des pluies diluviennes meurtrières qui provoquent des inondations et emportent tout sur leur passage. Les maisons, les écoles, les hôpitaux sont détruits et les familles et leurs enfants n’ont plus accès aux soins et à l’éducation.
Ces inondations sont aggravées par le manque de systèmes d’évacuation fonctionnels. Chaque jour, plus de 1 000 tonnes de déchets sont produites à Kinshasa. Peu recyclés, ces déchets se retrouvent pour la plupart dans les caniveaux, les rivières et différents cours d’eau. Résultat, en RDC, l’accès à l’eau potable est un défi majeur exacerbé par la crise climatique.
On ne saurait parler de la crise climatique sans aborder ses conséquences sur la santé mentale des enfants. Le dérèglement climatique entraine de graves traumatismes chez les plus jeunes, enfants et adolescents. Mais surtout, leurs droits les plus essentiels sont menacés.
Quels sont les défis majeurs que rencontrent les jeunes engagés pour le climat pour faire entendre leur voix à l’échelle nationale et internationale ?
En tant que jeune engagé pour le climat, j’ai la chance d’être accompagné par l’UNICEF pour porter la voix des milliers d’enfants de mon pays et de ma génération.
Malheureusement, cette chance n’est pas donnée à tous. Nombreux sont les jeunes qui voudraient s’engager pour la cause climatique, mais qui ne sont pas entendus.
En tant qu’enfant congolais, je pense que les décideurs de mon pays doivent accompagner la jeunesse pour lui offrir la possibilité de s’exprimer. Cela passe par des espaces d’échanges, des temps de concertation entre jeunes et autorités politiques pour mieux saisir les problématiques auxquelles sont confrontés les enfants et trouver des solutions adéquates.
Quelles initiatives concrètes mènes-tu ou soutiens-tu pour sensibiliser les décideurs aux enjeux climatiques ?
J’ai la chance de défendre la cause des enfants à l’échelle internationale grâce au soutien de l’UNICEF. J’ai pu échanger avec plusieurs décideurs internationaux sur les enjeux climatiques. J’ai remis officiellement la déclaration mondiale de la jeunesse au Secrétaire général des Nations unies.
À l’échelle nationale, je participe aux campagnes de plaidoyer en rencontrant des députés, des ministres et les pouvoirs publics. Ce plaidoyer que nous menons est transverse car les effets du changement climatique le sont tout autant : tous les domaines de la vie sont concernés.
À l’échelle locale, nous intervenons dans certaines écoles pour sensibiliser les élèves à la gestion durable des déchets, mais aussi à la protection de l’environnement.
“ Ces différentes actions prouvent que même si nous sommes des enfants, nous restons les principaux acteurs du changement.
Elles permettent aussi de rappeler aux autorités qu’étant signataires de la CIDE, elles ont le devoir de s’assurer que chaque enfant jouisse de ses droits. Chaque action, aussi simple soit-elle, devient puissante lorsqu’elle s’inscrit dans une action collective portée par la jeunesse. ”
Si tu avais une minute pour t’adresser aux dirigeants du monde, que leur dirais-tu ?
N’oubliez pas les enfants. On dit souvent que les enfants sont l’avenir, mais la jeunesse doit être protégée, accompagnée, équipée et entendue.
Investir dans l’avenir d’un enfant, c’est une décision qui a le pouvoir de transformer notre monde.